La boucle est bouclée.
Il y a ces coups de fil qu'on n'attendait pas, ceux qu'on attend encore et ceux qu'on n'attendra plus.
La vie suit parfois un enchaînement bien précis qui fait qu'on a l'impression que rien n'est laissé au hasard. Même si ça peut paraître absurde. Me retrouver là, plantée dans ma chambre, à deux heures du matin, avec mon voisin -gay- d'en face, et son potentiel futur amant. Juste aussi simple qu'un coup de fil. "Je ne te réveille pas? On peut passer?". Non, on ne me réveille jamais. Oui, tu peux passer. Juste le temps pour moi de me rhabiller. Ca égaye un peu ma fin de soirée. Les assiettes à dessert et la chantilly sont toujours sur la table quand ils arrivent. Chez moi, c'est un peu moins cet immense bordel sans nom, qu'une de mes amis aime à appeler Bagdad lors des grands jours où le temps nous tourbillonne loin des plumeaux et des serpillières. Et puis, on discute un peu. De notre première et dernière soirée où je m'étais un peu trop imbibée d'alcool. Comme nous tous, en fait. Je peux me sentir moins honteuse.
Tout d'un coup, je me rends compte qu'il s'agissait de la même soirée où ceci avait eu lieu. C'était en Septembre. L'amour naissant? Nous voilà, en Novembre. Aujourd'hui, les ponts sont coupés. Le lien n'existe plus. Il s'est brisé un certain soir de dimanche pour une raison absurde. Parce qu'il est absurde. Lui et ses idées bizarres (et non partagées) sur la vie. On s'était tout de même dit qu'on n'en viendrait jamais à là. "Promets-moi que tu ne me feras jamais ça à moi. Disparaître comme ça de ma vie. Et surtout me supprimer de la tienne." Du vent, tout ça. Les promesses ne sont-elles pas faites pour ne pas qu'on les tienne? Etrangement, ça ne me fait pas de peine. J'ai tellement accumulé de petites choses ces temps-ci que je suis devenue insensible. Ton indifférence me laisse presque de marbre. Mais que veux-tu? C'est toi qui l'as voulu. Les choses sont peut-être mieux ainsi. Sûrement même. Mais tout de même, je veux encore croire en cette amitié indéfectible qu'on m'assurait les jours passés. C'est mon côté naïf. Si les amours finissent par faner, je veux des amitiés qui fleurissent toujours. Et non pas qu'on me laisse plantée là juste "parce qu'on en a marre". Alors j'attends encore cet appel qui arrivera quand il voudra. Mais j'attends sans attendre: je sais qu'il viendra bien. Laissons du temps au temps.
Et puis, il y a lui dont je ne veux plus entendre parler et dont je ne parlerais pas plus que ça. Je dirais juste qu'il peut bien m'appeler que ça n'y changerait plus grand chose puisqu'il aura réussi à souiller ce qui avait pu être beau dans nos passions dérisoires. De lui, je n'attends plus rien... Mais des autres! Le champ des possibles reste ouvert.
Ne frappez pas. Entrez sur la pointe des pieds dans ma vie. Je n'attends que ça.
D'être bousculée.
Tourneboulée.
Envolée.